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illusions

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4 octobre 2007

principes

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le sol, la langue et les droits de l'homme...akal, awal, afgan

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4 octobre 2007

population

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4 octobre 2007

drapeau

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4 octobre 2007

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4 octobre 2007

vient de paraitre

Vient de paraître: "Le monde arabe existe-t-il? "

Pourquoi éclipse-t-on la civilisation berbère au profit des arabes? L’histoire des peuples berbères, Kabyles, Libyens, Maures, Numides, Gétules, Massyles, Chleuhs, Touareg... a débuté bien avant l’annexion romaine. Le règne de Massinissa et de Massyle n’a rien à envier aux dynasties islamisées maures almoravide et almohade. Du temps du christianisme, avant la colonisation arabo-musulmane, l’Afrique du Nord était prospère, voilà ce que Lucien Oulahbib nous apprend lorsqu’il évoque les papes Victor Ier, Gelasius Ier, Apulée, ou Fronton maître de Marc-Aurèle, Cyprien, Tertullien, Augustin et tant d’autres. L’auteur nous éclaire sur le vrai passé de l’Afrique du Nord ...(...). Docteur en sociologie, essayiste et romancier, Lucien Oulahbib est chargé de cours en sciences politiques à Paris X et à Lyon III.


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4 octobre 2007

Les Imazighen Touaregs déclarent la naissance de

Les Imazighen Touaregs déclarent la naissance de la Republique Amazighe Tumoujgha

Acte de fondation de la republique Tumoujgha

  • Considérant la Déclaration Universelle de Droit de l’Homme du 10 décembre 1948

  • Considérant la lettre des chefs traditionnels Touaregs qui demandaient à la France sous De Gaulle de ne pas faire partie des Etats en création et voulaient un Etat Touareg indépendant des 1957

  • Considérant la création de OCRS (Organisation commune des régions sahariennes), par la loi Française n° 57 -7- 27 du 10 janvier 1957 parue dans le journal officiel du 12 janvier 1957

  • Considérant la non consultation de la Nation Touarègue quand à leur future appartenance au Mali et au Niger

  • Considérant la révolte de 1963 dans l’Adrar des Ifoghas réprimée par les Etats de l’Algérie et du Mali

  • Considérant l’attaque commando de Tchintabareden 1984

  • Considérant le massacre de Tchintabaraden où plus de 3200 civils ont été massacrés du fait de leur appartenance à la Nation Touarègue en 1990

  • Considérant la non prise en compte de la question Touarègue au cours de la conférence nationale du Niger d’août 1991

  • Considérant la rébellion de 1990 dans l’Aïr et l’Azawak

  • Considérant de la rébellion du 23 mai 2006 dans l’Adrar de Ifoghas

  • Considérant la composition de la Nation Touarègue en sept confédérations: Ahaggar,Ajjer, Aïr, Azawagh, Adghagh , Tadamakkat, Oudalan

  • Considérant l’éloignement de la capitale du Niger, Niamey qui isole la Nation Touarègue dans l’administration territoriale

  • Considérant la repartition géographique des nations africaines d’avant la colonisation (Nation Songhaï, Peuhl, Haoussa )

  • Considérant la délimitation arbitraire des frontières faite par la France avec pour objectif la dislocation de la Nation Touarègue

  • Considérant les résistances Touarègues a la pénétration coloniale en Pays Touareg par Fihroun Ag Alinsar dans l’Azawad et dans l’Adrar de Ifoghas, de Kaocen dans l'Aïr, Moussa Ag Amastane dans le Hoggar

  • Considérant le refus des Etats à trouver une solution à la rébellion Touarègue

  • Considérant les accords de paix successifs signés entre les Etats du Niger et du Mali et les rébellions Touarègues et jamais respectés par ces Etats

  • Considérant les colonies de peuplement sédentaires de par lesquelles les pouvoirs centraux des Etats du Niger et du Mali tentent d’expulser le peuple Touareg de ses terres

  • Considérant l’incapacité notoire des Etats à répondre aux besoins fondamentaux de la nation Touarègue

  • Considérants que les Etats Maliens et Nigériens sont de construction factice

  • Considérant que l'armée de ces deux Etats combattent depuis des décennies la Nation Touarègue avec le plus grand mépris et en violation des droits humains

  • Considérant la Déclaration des Droits de Peuples Autochtones votée par l’ONU le 13 septembre 2007,


Déclarons à patir de ce jour Jeudi 20 septembre 2007 la constitution de la République Touarègue Tumoujgha sur l’espace historique de la Nation Touarègue, soit le deux tiers du Niger et la moitié du Mali :

Tuareg_area
  1. La Nation Touarègue a pour langue le Tamashek et pour écriture le Tifinagh

  2. C’est une République laïque disposant de son armée appelée Taghd a et de son gouvernement
  3. Le capitale politique de cette République est la ville historique d’Agadez.
  4. Notre Etat est Démocratique et basé sur le Féderalisme
  5. Nos textes fondamentaux sont contenus dans le « Livre Bleu »
  6. Notre hymne national est Tanakra tumast
  7. Notre drapeau est composé de 7 étoiles correspondant chacune à une des confédérations historiques de la Nation Touarègue, sur fond bleu symbolisant la pureté de notre ciel, au dessous sur une bande centrale jaune symbolisant le sable du Sahara avec au milieu la lettre Ezza Z (symbolisant le sang de nos martyrs) avec sur la gauche un triangle vert représentant nos oasis
30 septembre 2007

Le Mouvement Culturel Amazigh au Maroc. Parler du

Le Mouvement Culturel Amazigh au Maroc.

Parler du mouvement culturel amazigh, c’est évoquer le combat d’une communauté majoritaire au Maroc pour la démocratie et les droits de l’homme. Le mouvement culturel amazigh (MCA), revendique les fondements mêmes de la démocratie : le droit d’exister en tant que peuple ayant sa langue, sa culture et son identité reconnues sur sa propre terre. Le MCA est né par réaction légitime à la politique culturelle et identitaire menée par les pouvoirs politiques au Maroc, qui consiste à étouffer chez les Amazighs toute velléité de revendication linguistique et de libertés démocratiques. Nous essaierons ci-après de retracer les grandes lignes de ce mouvement depuis sa naissance jusqu’à nos jours.

Pour mieux comprendre la formation du MCA, il est important de rappeler la situation du Maroc à l’indépendance. L’indépendance du Maroc signifiait, entre autre, la passation de pouvoirs des élites coloniales aux élites marocaines qui étaient essentiellement issues de la région arabophone de Fès et de Salé. Cette élite était très inspirée par la puissante idéologie du « nationalisme arabe ». Elle forma le parti politique de l’Estiqlal, l’unique parti d’alors, dont la tâche principale était de mettre sur pied un état national ayant une « culture nationale » et une langue unanimiste pour retrouver une identité forte et rassemblante, seule capable de lutter contre l’influence de l’impérialisme occidental. Pour ce faire, une politique d’arabisation accrue a été menée ; l’objectif étant d’arabiser les Marocains qui parlaient en grande majorité l’amazigh. L’arabisation a été justifiée par le statut de la langue arabe : langue de révélation liée au caractère miraculeux du Coran.

La politique d’arabisation devint le symbole de ce que Grandguillaume (Arabisation et politique linguistique au Maghreb) appelle à juste titre « le consensus national ». Tous les Marocains étaient censés en être les défenseurs et toute critique de l’arabisation fut réprimée, car considérée comme une atteinte à la cause nationale. Le chauvinisme pour la langue arabe devint un devoir religieux, patriotique et nationaliste mené par tous les Marocains, groupes et individus, arabophones et même berbérophones. Le point fort et à la fois très sensible de ce nationalisme arabe était l’utilisation du sentiment religieux. L’arabité et l’Islam se sont confondues pour ne plus être qu’un seul et unique repère identitaire. Les Marocains sont musulmans donc arabes ! Le berbère n’est qu’un particularisme régional sans aucun statut, si ce n’est celui de l’infériorité et de l’ignorance.

Pendant toute la période qui suivit l’indépendance jusqu’à la fin des années 80, le particularisme berbère était banni, dissimulé, masqué et pour les Amazighs un héritage honteux. C’était un danger qu’il fallait combattre. Les Français ne se sont-ils pas servis de ce particularisme en 1930 pour séparer ces pauvres Berbères de leurs frères arabes croyants ? Le décret de loi de 1930, appelé à dessein « Dahir berbère », devint la carte gagnante des nationalistes arabes, utilisée depuis bientôt 70 ans pour dénier les droits identitaires, linguistiques et culturels des Amazighs. Le berbère était infériorisé et minoré dans tous les domaines. L’enseignement de sa langue était et reste toujours interdit. Logique, l’amazigh n’est qu’un ensemble de patois vulgaires qui ne pourront jamais se hisser aux rangs des langues nationales ! Les symboles de son histoire, s’ils ne sont pas complètement ignorés, sont présentés d’une manière systématiquement médisante. À l’école marocaine, on nous apprend que l’histoire du Maroc ne commence que depuis l’arrivé des Arabes (estimés par les historiens à moins de 13000 hommes), que la reine amazighe Dihya (La Kahina) n’était qu’une sorcière, qui n’avait de raison d’être que de nuire et de porter atteinte à l’Islam et que les anciens habitants du Maroc étaient des Berbères, ou plutôt des barbares, qui habitaient des grottes et qui ont subitement cessé d’exister depuis 14 siècles, par le pouvoir de l’idéologie panarabiste. L’école et les médias ont été utilisées systématiquement pour faire croire aux Berbères qu’ils n’existent plus, aussi majoritaires soient-ils ! Pendant ce temps-là, l’arabisation des masses amazighes s’accélérait considérablement.

C’est dans ce contexte d’assimilation, de provocation et d’agression, que va surgir, de la société civile, le MCA, porteur d’une contre idéologie, un mouvement qui réaffirme les valeurs contenues dans la déclaration universelle des droits de l’homme et dans les conventions internationales qui visent la coexistence pacifique des peuples dans le cadre de l’égalité entre les langues, les cultures, les hommes et les femmes.

Le mouvement culturel amazigh a été initié par des jeunes intellectuels et universitaires issus de la région d’Agadir et installés à Rabat. Ils créèrent l’Association marocaine de recherche et d’échanges culturels (AMREC) en 1967. Leur objectif principal était de faire connaître et de promouvoir la culture populaire marocaine. Pendant cette période, les militants parlaient de culture populaire et n’osaient pas, par peur de répressions, d’évoquer leurs revendications identitaires amazighes. L’AMREC a mené comme actions principales des recherches et des publications sur la littérature amazighe, confinée dans l’oralité depuis plusieurs décennies. Elle a ainsi publié plusieurs recueils de poèmes et de proverbes amazighs.

Les années 70 et 80 ont été marquées par la répression vis-à-vis des mouvements sociaux, le MCA passa à la clandestinité jusqu’à la fin des années 80. Il fallut attendre la Charte d’Agadir de 1991 qui fut l’événement le plus marquant du mouvement, pour ré-entendre parler de la question identitaire amazighe. La charte d’Agadir est un texte signé par six associations lors du colloque sur la culture amazighe organisée par l’Université d’Eté d’Agadir. La majorité des associations amazighes, crées après 1991, ont adhéré à ses principes. La charte symbolise l’émergence d’une vraie revendication identitaire. Ne se cachant plus derrière des notions ‘softes’, les Amazighs revendiquent clairement la reconnaissance des droits linguistique, culturel et identitaire du peuple amazigh et la stipulation dans la Constitution du statut officiel et national de la langue amazighe au côté de la langue arabe.

En décembre-janvier 1992 naissait à l’université d’Agadir l’idée d’un groupe de travail militant pour la cause amazighe au sein de l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM). Faisant face aux provocations de l’administration et celle des groupuscules politiques installés depuis longtemps à l’université, ce groupe de militants a mené un travail de sensibilisation remarquable pour devenir rapidement un des premiers mouvements estudiantins à l’université d’Agadir. Aujourd’hui, toutes les universités du Maroc, sans exception, comptent dans ses rangs un mouvement culturel amazigh.

L’année 1994 marqua le bouleversement des positions des associations culturelles qui commencèrent à apparaître d’une manière régulière sur la scène médiatique à travers des manifestations mieux organisées et plus revendicatives. Au premier trimestre de 1994, le Conseil national de coordination (CNC) a été créé. Cette instance regroupe une trentaine d’associations culturelles avec l’objectif de coordonner leurs actions au niveau national. L’amazigh est désormais revendiquée dans toutes les régions du Maroc. Au mois de février de la même année, les membres du bureau de l’association Tamaynut d’Inezgane ont été interpellés suite à la publication d’un calendrier écrit en trois langues, arabe, français et amazighe pour le Nouvel An amazigh. Sur le calendrier, figuraient entre autres, les visages d’une dizaine de rois amazighs, tels Massinissa, Jugurtha, Juba... Le chef d’inculpation était l’incitation et la production d’actes visant à troubler l’ordre public !

L’intérêt pour la question amazighe prend d’avantage d’ampleur lors de l’arrestation de sept membres de l’association Tilelli à Errachidia. En défilant lors des manifestations du 1er mai 1994, les membres de cette association, tous des enseignants et membres du Syndicat National de l’Enseignement (SNE), scandaient des slogans appelant à l’introduction de l’amazigh à l’école et à la reconnaissance de l’amazigh comme langue nationale et officielle du Maroc. Agitation, atteinte à l’ordre public, profération de slogans en contradiction avec la constitution et incitation à des actes contre la sécurité intérieure de l’État, tels étaient les chefs d’inculpation de leur arrestation ! Un grand élan de solidarité a été constitué autour des détenus d’Errachidia aussi bien au niveau national qu’international. Une mobilisation forte de toutes les composantes amazighes du Maroc mais aussi de Paris et de la Kabylie ont contraint les autorités marocaines à libérer les détenus... trois mois après leur incarcération.

L’année 1994 a été marquée par un autre événement important. Feu Hassan II, dans son discours du 20 août, appelle à l’introduction de l’amazigh dans l’enseignement. Une initiative très significative, mais qui n’est toujours pas suivie de faits. Suite à ce discours royal, un bulletin d’information en amazigh d’une dizaine de minutes a vu le jour à la télévision marocaine, une première depuis que la télévision a été inventée. Mais toutes ces initiatives, malheureusement, ne dépassent pas le stade de miettes symboliques visant à calmer un mouvement de plus en plus fort et de plus en plus large. L’amazigh n’est toujours pas enseignée. Le bulletin d’information est d’une rare médiocrité. Et la répression continue. La même année l’association Ilmas de Nador s’est vue interdire d’organiser un colloque scientifique sur « la langue berbère et l’écriture ». Au mois de mai 1995, Les autorités locales de Dcheira, région d’Agadir, ont procédé à des arrestations musclées d’une trentaine de participants au carnaval berbère de Bilmawen. Ces participants ont été relâchés par la suite, sauf l’un d’eux qui a été jugé et inculpé.

1995 est l’année de l’internationalisation de la question amazighe. Les associations marocaines ont été très actives lors du Festival de Douarnenez, qui a été suivi par la création d’un Congrès mondial amazigh (CMA). Cette organisation internationale non-gouvernementale regroupe une centaine d’associations amazighes à travers le monde. Les associations marocaines peuvent désormais collaborer avec d’autres structures berbères du Mali, du Niger, de la Kabylie ou de la diaspora. La question amazighe dépasse les frontières du Maroc et devient une cause nord-africaine.

Les associations amazighes ont à leurs actifs un grand nombre d’activités socioculturelles et éducatives. Certaines dates connaissent une multitude d’activités à travers tout le Maroc : le Nouvel An amazigh le 13, 14 et 15 janvier de chaque année ; le 8 mars, la journée mondiale de la femme ; le 20 avril, l’anniversaire du soulèvement kabyle, connu sous le nom du Printemps berbère, le 25 juin, l’anniversaire de l’assassinat du chanteur kabyle Maatoub Lounès... Les thèmes principaux de ces activités sont : l’enseignement de la langue amazighe, le passage de l’oralité à l’écrit, la standardisation de la langue, les doits linguistiques des peuples minoritaires ou minorisés, la redéfinition de l’histoire du Maroc et de l’Afrique du Nord, les droits des femmes, le statut des peuples autochtones, le droit juridique et constitutionnel, le théâtre, le cinéma...

Au niveau de la publication, les années 90 marquent le vrai passage de l’amazigh de l’oralité à l’écrit. Plusieurs publications en amazigh et sur l’amazigh ont vu le jour pendant cette période : des recueils de poèmes, des pièces de théâtre, des scénarios de films, des romans, des articles et des livres traitant de la linguistique, du droit, de l’informatique, des sciences naturelles, des mathématiques... ; la traduction du Coran en amazigh va bientôt être bouclée. Plusieurs journaux et revues sont aujourd’hui écrits en berbère ou traitent de la question berbère : Amud, Tasafut, Tamagit, Tiwiza, Agraw, Tamunt, Tidmi, Adrar, Tilelli, Tifawt, Tifinagh, Libika, Al Bayane et le premier journal hebdomadaire amazigh, Tamazight. Les sites Internet en amazigh et sur l’amazigh sont de plus en plus nombreux.

Le MCA est un mouvement pacifiste qui revendique des droits élémentaires. Il attend toujours à ce que le discours du roi soit traduit en actes, à ce que l’identité amazighe soit reconnue et à ce que les Amazighs puissent voir leur langue à l’école, dans les médias et l’administration. Depuis 1998, un gouvernement socialiste est en place. Lors de son discours de politique générale de son gouvernement, le Premier ministre Abderhmane Elyousfi a promis la réhabilitation des droits culturels et linguistiques des Amazighs. Pour le ministre de la communication, Mohamed Larbi Messari, il sera possible de mettre en place une chaîne de télévision en langue amazighe.

Entre ce qui est promis par l’un et ce qui est possible pour l’autre, l’attente risque de durer ! Mais le combat continue...

26 septembre 2007

la cause amazighe au Maroc

     Le débat sur la question amazighe a constitué un des titres de la dynamique que vit notre espace public. Ayant constitué pendant une certaine période le non-dit de la pensée dominante, l'amazighité a été alors l'objet de plusieurs récupérations à visées variables notamment dans une perspective politicienne. Beaucoup de contrevérités ont été ainsi érigées en dogmes. Les choses heureusement bougent et permettent ainsi de saisir quelles sont les attitudes des uns et des autres à propos d'un thème qui concerne tous les Marocains.
L'amazighité aujourd'hui est tombée dans le domaine public. Elle est réhabilitée d'un point de vue institutionnel puisqu'un pas formidable a été franchi avec la décision d'inscrire la langue amazighe dans le cursus scolaire.
Malgré les remarques méthodologiques que peuvent formuler les uns ou les autres, nous sommes devant un tournant symbolique; c'est une nouvelle ère qui commence pour cette part importante d'une identité longtemps acculée à l'ombre et à la rhétorique du silence.

Mohamed VI, dans son discours de 17 octobre 2001, prononcé dans la localité d'Ajdir de la province de Khénifra, a relevé la reconnaissance de l'amazighité pour la première fois dans l'histoire contemporaine du pays. De cette façon, le roi l'autorité suprême de l'Etat, reconnut l'identité Amazigh comme partie intégrante et indissociable de l'identité plurielle du Maroc, en réitérant ce qui a été confirmé lors de son discours du trône, lequel éveilla un grand débat national : l'amazighité est une affaire de tous les marocains, et sa promotion est une responsabilité nationale.

Ce modeste exposé sera un voyage au cœur d'une culture, constituante de l'identité marocaine, et pourtant mal connue. Nous allons essayer de diagnostiquer la question amazighe au Maroc dans ses différents cotés : historiques, culturels et revendicatifs.

I. DONNEES  HISTORIQUES GENERALES :

  1 – Généralités

L'origine et l'histoire du peuple amazigh sont assez mal connues.
Le mot "amazigh" signifie : l'homme libre.
D'après les dernières statistiques publiées sur le site officiel du royaume, Les Amazighs représentent 75% de la population marocaine. La culture amazighe est antérieure à l'arrivée des Arabes dans le Maghreb, à la fin du 7e siècle, et s'étendait dans tout le nord de l'Afrique. Bien que faisant partie de l'histoire du peuple marocain, elle n'est pas étudiée dans les écoles. Pendant longtemps, la culture amazighe a été niée et interdite par l'autorité arabe. Depuis peu, cependant, la langue amazighe est enseignée dans les es primaires. Il s'agit d'un essai réalisé dans 317 écoles et ce, sur injonction du roi Mohammed VI.

Histoire :
Lors de l'arrivée des Arabes dans le Maghreb - dès 670 après J.-C. - un grand nombre d'Amazighs ont fui pour se réfugier dans les montagnes. « Jubella » est un terme arabe qui désigne les peuples de la montagne. Au temps de l'empire romain, les Amazighs étaient qualifiés de "barbares" (barbarus) car pour les Romains, ce terme servait à désigner tout étranger à leur civilisation. Le terme est resté en se transformant en "berbères". Certains se défendent de cette appellation et tiennent à dire qu'ils sont Amazighs.

Langue :

La langue berbère est l'une des plus anciennes langues de l'humanité.  Elle est, actuellement, parlée par les autochtones de 'Afrique du Nord. M. Henn thole, diplômé de l'institut d'Ethnologie et de l'Ecole d'Anthropologie de l'université de Paris, écrit dans Son livre Les Touaregs du Hoggar

Malgré les invasions puniques, romaines, vandales, byzantines (ajoutons arabes), la langue libyenne ne semble pas avoir été altérée par las influences étrangères et n'a fait que retenir de chacune quelques termes qu'elle a adoptés. Dans Sa forme moderne. C'est-à-dire berbère. Elle est encore parlée dans les oasis égyptiennes de Siouah et d'Augilia, à Sokna dans le Djebel Nefouza, à Djerba, dans l'Aurès, en Petite Kabylie, aux environs de Lalla Marnia. Dans de nombreuses tribus au Maroc, en particulier chez les Chleuhs, dans certaines villes sahariennes comme Ghadamès. Glot, Ouargla, au MZab, dans quelques oasis de

la Saoura

et, enfin, chez les Touaregs.

Les habitants de toutes ces contrées citées par M Henri Lhote, sont les descendants de ce peuple berbère qui, dès l'époque de la formation des premières sociétés humaines, occupa la partie du Nord de l'Afrique qui s'étend de l'ouest de l'Égypte aux îles Atlantiques et du Niger à

la Méditerranée.


Société :

Dans la culture amazighe, la femme occupe une place importante. Elle peut être chef et constitue l'armée qui défend le pays (on s'est laissé dire que la légende des amazones viendrait peut-être du peuple amazigh !).
Les Amazighs autrefois vénéraient plusieurs dieux et déesses.
Aujourd'hui, nous sommes en l'an 2957 du calendrier amazigh. Seuls les agriculteurs utilisent encore ce calendrier.
Voici des exemples de noms de famille et prénoms émanant de la langue amazighe :

Aït (de la famille de ou de la région de)

Idir ou Idèr

Noumidia

Sifaw

Titritte

Massin...

2 – les origines des berbères :

Tous les historiens de l'Afrique du Nord attestent que le pays est peuplé de Berbères depuis les temps les plus anciens. Ainsi, Ibn Khaldoun dans son Histoire des Berbères, peut écrire à propos du pays que l'on appelle le Maghreb et que nous appelons Tamazgha ou pays des Imazighen : "Depuis les temps les plus anciens, cette race d'hommes habite le Maghreb dont elle a peuplé les plaines, les montagnes, les plateaux, les régions maritimes, les campagnes et les villes" (Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, 1999 p. 167).

Concernant tamazight, la langue des Imazighen : "leur langue est un idiome étranger, différent de tout autre : circonstances qui leur a valu le nom de Berbères" (Ibn Khaldoun, 1999, opus cité p. 168).

Concernant, enfin, les religions professées autrefois en Afrique du Nord : "il y avait parmi eux [des tribus] qui professaient la religion juive ; d'autres chrétiennes, et d'autres païennes, adorateurs du soleil, de la lune et des idoles. Comme ils avaient à leur tête des rois et des chefs, ils soutinrent contre les musulmans plusieurs guerres très célèbres". (Ibn Khaldoun, 1999, opus cité, p. 177).

Plus près de nous, en 1931, l'historien anticolonialiste Charles André Julien pouvait constater que : "Aujourd'hui, on ignore généralement que le Maroc, l'Algérie et la Tunisie sont peuplés de Berbères, que l'on qualifie audacieusement d'Arabes. Quant aux indigènes, ils se désignèrent souvent du nom d'Amazigh (Tamazight au féminin, Imazighen au pluriel) qui signifiait les hommes libres, puis les nobles et s'appliqua à plusieurs tribus avant l'occupation romaine" (C.-A. Julien, Histoire de l'Afrique du Nord,p.2).

II - Le mouvement amazigh : brefs rappels historiques :

1 - l'époque coloniale ou les origines de la discrimination

En 1912, le Maroc est soumis officiellement au protectorat franco-espagnol, sous la demande du Sultan de Fès qui était assiégé, à l'époque, par des tribus berbères du Moyen Atlas.

La France

pénètre le Maroc pour protéger le Sultan de Fès et son entourage politique.

La France

coloniale déclare donc la guerre aux Berbères. En 1914, la résistance armée berbère, sous le commandement de Muha Ou Hammou Zayani, emporte la bataille dite de Lehri. En 1921, les forces berbères du Nord guidée par Mohammed Abdelkrim El Khattabi emportent la bataille la plus célèbre contre les troupes espagnoles. Ce qui permit la libération du Rif. Vaincus, les deux puissances protectrices du Sultan organisent leur riposte. En 1926, le Maréchal Pétain, succédant à Lyautey, ordonne expressément la liquidation d'El Khattabi qui fut exilé sur l'Ile de

la Réunion. Malgré

cela, les Berbères persistent. En 1934, dans le Sud Est du pays, l'armée française subit de nombreuses défaites. On retiendra la bataille de Badou qui vit les troupes de Assou Ou Bassalem triompher. Signalons une nouvelle fois le parti pris du Sultan et de sa clientèle politique en faveur des puissances coloniales au bénéfice desquelles de véritables campagnes de propagande furent organisées dans les mosquées de Fès, notamment. On perçoit ici les origines de la discrimination qui frappera, dans le Maroc indépendant et administré par les descendants du Sultan, les populations berbères. En 1930, le résident général de

la France

promulgue un dahir (un texte de loi) signé par le Sultan. Rappelons, pour mémoire, qu'à leur arrivée en Afrique du Nord, les Français ont été confrontés à différentes pratiques juridiques inconnues et distinctes des pratiques islamiques. J'insiste, avec Salem Chaker (Berbères aujourd'hui, page 64), sur le fait que "le droit coutumier berbère est une donnée objective des sociétés berbères ; il préexiste à l'arrivée des Français, qui ne l'ont pas crée comme on pourrait parfois le croire à lire la littérature nationaliste arabo-islamique". Ce "dahir berbère", texte de droit international privé qui ne dit pas son nom, tendait à l'application du droit coutumier berbère en matière pénale aux populations berbères. Il s'agit là, sans plus, d'un exemple du principe de la personnalité des lois. Les réactions que la promulgation de ce texte a suscitées au sein des familles urbaines, traditionnellement liées au Sultan, méritent d'être analysées. En effet, de peur de voir les berbères s'imposer sur le terrain politique, les tenants de l'idéologie arabe évoquent le spectre de la division des maghrébins et s'insurgent contre ce qui fut qualifié de tentative de "christianisation" des Berbères. Ces réactions émanant des serviteurs du Sultan, sont hautement révélateurs de "la suspicion profonde et de l'illégitimité foncière dans lesquelles le nationalisme arabo-islamique a toujours tenu les Berbères" (voir Salem Chaker, Berbères aujourd'hui, page 65). Sur ce fondement, sera combattu toute référence au berbère. Nous y voyons également les sources de la discrimination que subiront les populations berbères après l'accession du Maroc à la souveraineté.

2 - Les Berbères après l'indépendance : le mouvement amazigh

Nous allons nous borner à indiquer à titre indicatif, quelques unes des étapes les plus importantes (depuis 1990) de ce qui constitue le mouvement berbère. Le Mouvement berbère doit être entendu comme l'ensemble des faits qui s'inscrivent dans une démarche tendant à la reconnaissance par les autorités marocaines, de la chose berbère. La monarchie marocaine, à l'instar du pouvoir algérien, affirme haut et fort l'arabité et l'islamité du Maroc. Seule la langue arabe bénéficie d'un statut et seule l'arabité et l'islamité sont citées dans les textes officiels de la monarchie marocaine depuis son existence.

En 1991, six associations marocaines ont rendu public un texte qu'elles ont adopté "Charte d'Agadir". Ce texte réclame la reconnaissance des langue et culture amazighes. Il formule ainsi un certain nombre d'autres revendications. Plusieurs associations ont été créées suite à cette charte.

En 1993, des associations amazighes rendent public un mémorandum par lequel elles soulignent la politique d'assimilation forcée pratiquée à l'égard des Imazighen ainsi que leur identité, culture et langue. C'était à l'occasion de

la Conférence Internationale

sur les Droits de l'Homme tenue à Genève.

En 1994, les associations se rassemblent pour créer une structure de coordination appelée Conseil national de coordination (CNC). Le mouvement a déjà compris qu'il y a intérêt à unir les forces et à coordonner les actions.

En mai 1994, sept militants de l'association « Tilelli » (Liberté) ont été arrêtés. Leur tort était de défiler le 1er mai avec des banderoles écrites en tifinagh (écriture berbère) et demandant l'enseignement de tamazight (langue berbère). Cet acte a été considéré par les autorités comme une atteinte aux valeurs de l'Etat ainsi qu'à l'ordre public. Leur arrestation a suscité une grande mobilisation à travers le Maroc mais aussi en France et en Kabylie. Cette mobilisation a contraint les autorités marocaines à les libérer. En août 1994, Hassan II avait prononcé un discours par lequel il promettait l'enseigner des "dialectes berbères" dans les écoles marocaines.

Le mouvement associatif a vu un développement rapide et important puisqu'en l'espace de quelques années le nombre d'associations berbères s'est multiplié. Ces associations sont autorisées par les autorités marocaines. Car il faut rappeler que plusieurs associations n'ont toujours pas eu cette autorisation, ce qui ne leur permet pas de mener des activités. A ce propos, le gouvernement marocain déclare dans son rapport remis au CERD :

1.) en juin 2002, au paragraphe 42, que seulement 18 associations amazighes existent au Maroc. Ne pouvant mettre cela sur le compte de l'ignorance, le gouvernement marocain donne une idée de la légèreté avec laquelle il traite la question berbère. D'ailleurs, dans son rapport au CERD remis en décembre 1997, le gouvernement marocain avait annoncé le même nombre d'associations berbère à savoir 18 ; comme si entre 1997 et 2002 le mouvement associatif berbère au Maroc n'a vu aucune évolution. A noter également que les paragraphes présentant la situation de la langue et de la culture berbères au Maroc sont pratiquement les mêmes dans les deux rapports !

Aujourd'hui, on dénombre au moins 82 associations amazighes, ce qui montre l'attachement des citoyens à la langue et la culture amazighes en dépit de toutes les difficultés auxquelles ils sont confrontés.

L'arrivée de Mohammed VI au pouvoir, après la mort de Hassan II, n'a pas beaucoup changé concrètement à la question berbère. Dès son accession au trône, il se dit par-ci par-là que ce jeune roi serait favorable à Tamazight et qu'il serait prêt à s'engager sur la voie d'une reconnaissance du berbère. Seulement, de nombreuses contradictions resurgissent dans le discours et les actes officiels. En effet, d'un côté, le palais affiche un intérêt au berbère notamment par la mise en place de l'Institut royal de la culture amazigh (l'IRCAM) en vertu d'un Dahir (équivalent d'une loi) du 17 octobre 2001. D'un autre, il n'hésite pas à user de méthodes outrancières pour museler les militants berbères indépendants à qui l'on interdit d'entreprendre toutes sortes de manifestations publiques sous peine de condamnations pénales.

III- les discriminations dont les berbères sont victimes :

I. La négation officielle et institutionnelle du fait amazigh (berbère).

La discrimination anti-berbère est un fait officiel inscrit dans

la Constitution

, parce que cette dernière néglige totalement la composante berbère :

 

1.1 - L'exclusion et la discrimination constitutionnelle

Rappelons la principale disposition du préambule de

la Constitution

sur lequel se base la politique d'arabisation et de négation de l'identité amazighe du pays. En effet, "Le Royaume du Maroc, Etat musulman souverain, dont la langue officielle est l'arabe, constitue une partie du Grand Maghreb Arabe" (Constitution du 13 septembre 1996). Force est de constater qu'aucune place n'est accordée à la langue et la culture berbère dans les textes fondamentaux de l'Etat alors que le berbère est une langue vivante pratiquée par une majorité de la population marocaine. Si jusque là on s'est contenté de reprendre les chiffres que certains scientifiques "prudents" avancent dans leurs publications (d'après S. Chaker, éminent berbérologue, on compte "un pourcentage

minimum de 40% de la population au Maroc, soit 9,5 millions de berbérophones sur une population de 24 millions. Ces chiffres sont des valeurs minimales que l'on peut considérer comme assurées : on ne peut exclure que les pourcentages soient en réalité nettement

plus élevés et qu'ils puissent atteindre 50% de berbérophones au Maroc". Voir Salem Chaker, Berbères aujourd'hui, L'Harmattan, Paris, 1989), aujourd'hui, on peut avancer le chiffre de 70 % de la population marocaine qui soit berbérophones. En effet, le site Internet du gouvernement marocain (http://www.maroc.ma), dans sa version arabe, parle d'un pourcentage de 25 % seulement d'Arabes au Maroc précisant que sur les 75 % restant, les Amazighs constituent la majorité. Ci-après un extrait de la présentation de la compositions de la population marocaine publiée par le site en question : Les Marocains, Arabes ou Amazighes se distinguent par la langue qu'ils utilisent pour communiquer entre eux : l'arabe ou l'amazigh. Selon les sources marocaines officielles, les Arabes constituent 25% de l'ensemble de la population alors que les Amazighs constituent la majorité restante. Se trouvent également au Maroc nombre d'Européens, notamment des Français et des Espagnoles. Leur nombre est de 50181. Avant l'indépendance, il avoisinait un million. (http://www.maroc.ma/NR/exeres/D1B06FC3-AA0F-43FF-99F4 C3A3CD38285D.htm). En égard à ces dispositions, force est de croire que l'arabisation est omniprésente dans la mesure où l'arabe est considérée comme la seule langue nationale et officielle de l'Etat marocain. Quoi qu'il en soit, la langue berbère ne dispose d'aucun statut officiel. Ainsi, nous constatons non sans amertume que tout le fondement amazigh du Maroc soit délibérément ignoré. Dès lors, c'est la majorité des marocains qui se trouvent exclus de jure, de l'Histoire. Ce traitement contraire à la lettre et à l'esprit du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels constitue une atteinte insupportable aux droits fondamentaux des Imazighen marocains contraints à une arabisation maintes fois oppressive.

1.2- autres formes de discrimination :

A- Arrestations, violences et répression

En 1994, lors de la commémoration du 1er mai à Goulmima (Sud Est marocain), des militants berbères ont défilé avec des banderoles écrites en tifinagh (alphabet berbère) revendiquant la reconnaissance officielle des langues et culture berbères. Deux jours plus tard, le 3 mai 1994, sept d'entre eux sont arrêtés sur ordre du gouverneur de la province. Après perquisition de leurs domiciles, sont jetés en prison. Ils devaient, en effet, répondre des chefs d'inculpation suivants : "atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat", "incitation au dépassement des institutions" et "atteinte à

la Constitution

". Le 9 mai 1994, ils sont présentés devant

la Cour

d'Errachida. Le collectif de 74 avocats qui s'est spontanément formé demande leur libération sous caution. La demande est refusée, le procès reporté au 17 mai 1994. Les sept détenus entament avec succès une grève de la faim afin que leur soit accordé le statut de prisonniers politiques. Le 17 mai, le procès a lieu. Durant l'instance, les détenus ont catégoriquement refusé de s'exprimer en arabe. Le verdict, prononcé le 27 mai, prononce trois peines de prison et de lourdes amendes. A la suite d'une mobilisation massive du mouvement berbère, des organisations des Droits de l'Homme, les trois détenus politiques ont été libérés le 3 juillet et amnistiés par

la Grâce Royale.

Seulement, à la suite de leur libération, les autorités administratives ne leur permettent plus d'exercer leurs métier d'enseignants et ce, bien qu'amnistiés. Notons aussi que le contexte du procès des détenus de Goulmima dont nous venons de voir la trame, a été l'occasion aux autorités marocaines d'interdire de nombreuses activités associatives marocaines notamment celles de l'AMREC et d'ILMAS, comme le rapporte un communiqué du Comité de solidarité avec les détenus de Goulmima daté du 28= mai 1994.

En avril 2004, les étudiants de l'Université d'Agadir avaient organisé deux jours d'activités culturelles en commémoration de "Tafsut imazighen" (le Printemps berbère). Le mercredi 21 avril 2004, deuxième jour des activités, a été marqué par une manifestation pacifique. L'intervention de la police ne s'était pas faite attendre. Quatre étudiants arrêtés avaient subi de brutaux sévices. Ces détenus ont été exposés à un interrogatoire pour une durée de cinq heures avant leur libération. Ont été ainsi victimes de cette intervention de la police marocaine.

B- Interdiction d'activités d'associations amazighes et intimidations

Ajoutons que les autorités se sont à de nombreuses reprises illustrées dans l'interdiction des activités relatives à la question amazighe (berbère). On citera à titre d'exemple l'interdiction, parmi de nombreuses autres, faite aux étudiants de la faculté des Lettres de Meknes de disposer des locaux universitaires afin de réaliser débats et manifestations culturelles. Cet épisode a déclenché le 23 novembre 2000 une grève de protestation dirigée par les étudiants de la même faculté.

Lorsque les autorités ne gênent pas les activités des associations amazighes (berbères), elles se distinguent à en bloquer jusque la naissance juridique. Ainsi, TADA (Coordination nationale des associations culturelles amazighes du Maroc) créée le 5 février 2000 à Meknes s'est systématiquement vue refusée la délivrance de l'agrément administratif justifiant de la personnalité morale. Un communiqué de la même Coordination (TADA) daté d'avril 2002 signale cette situation.

En 2001, les opinions de certains militants berbères ont valu à ces derniers moult tourments. L'administration marocaine a, une nouvelle fois, pris pour cible les mêmes activistes qu'elle a incarcérés en mai 1994, preuve que le gouvernement entend combattre minutieusement toute manifestation berbère. Ainsi, le mercredi 29 août 2001, les autorités provinciales d'Errachidia (Imteghren) ont fait savoir à deux militants qu'il leur est dès lors interdit d'organiser toute manifestation publique sous peine d'une condamnation pour trahison. En effet, une manifestation était prévue dans le chef-lieu de région en soutien aux Imazighen de Kabylie (Algérie) qui, à ce moment même, subissaient une des plus dures répression qu'ils n'ont connu à ce jour. Relevons aussi que l'administration semble s'opposer à la commémoration de tout événement en marge de ceux célébrés officiellement. A cet égard, les autorités provinciales de Boumalne n Dadès (Ouarzazate) ont interdit à l'Association AZEMZ de célébrer le nouvel an berbère prévu le 12 janvier 2003. Les motifs invoqués paraissent inadaptés. Tels ont été les motifs de l'administration : 1/ l'association AZEMZ doit rénover son bureau et cela même si c'est une affaire interne à l'association ;

2/ aucune association ne célèbre cette fête dans toute la région sauf l'association AZEMZ. Rappelons que les manifestations publiques en faveur des langue et culture amazighes n'ont jamais été autorisées. Imazighen (les Berbères) se voient ainsi privé d'un droit fondamental, celui de pouvoir s'exprimer et manifester publiquement.

C- Refus d'enregistrement d'associations amazighes : atteinte à la liberté d'association

A ce jour, les autorités centrales de Rabat continuent de refuser à délivrer un récépissé de

dépôt de dossier relatif à la création du Réseau Amazigh pour la Citoyenneté "AZETTA".

Cette association qui active malgré la non-délivrance du récépissé de dépôt de dossier, et c'est ainsi qu'elle a organisé son premier congrès les 15, 16 et 17 juillet 2005. Suite à ce congrès, il a été procédé au renouvellement du Bureau Exécutif lequel changement a été signalé aux autorités qui refusent de délivrer le reçu de dépôt du dossier relatif à ce renouvellement. A noter que c'est depuis 15 juillet 2002 que les autorités refusent de délivrer un récipessé de dépôt de dossier pour l'association Amazigh pour

la Citoyenneté

"AZETTA". Cette association a d'ailleurs initié des sections dans plusieurs villes (Rabat, Khémissset, Casablanca, Bouyzakerne, Timoulay, Ifrane, Oulmas, Taghjijt ; zagoura et imi Ugadir). Aucune de ces sections ne s'est vue délivrer un récipéssé de dépôt de dossier par les autorités locales. Plusieurs autres associations se sont vues réserver le même sort. Citons l'association Amzday Anamur Amazigh, l'association Andaz Amazigh à El Hajeb, l'association Imal pour l'action et le développement à Mast.

En décembre 2004, un élève du collège Abdelkrim Elkhattabi à Agadir a été exclu du collège pour une durée de 15 jours pour avoir "osé" faire usage de sa langue maternelle (tamazight). En janvier 2005, les élèves d'un établissement scolaire à Tinghir ont été empêchés de célébrer le nouvel an amazigh. L'association Usan à Midar s'est interdire d'organiser une manifestation pacifique le 20 avril 2005 à l'occasion du Printemps amazigh. Le 19 avril 2005, les autorités ont fait usage de la force pour interdire un rassemblement Interdiction par force d'un Sit-in organisé par le Réseau national des associations démocratiques amazighes (Amyaway) à Rabat. Dans son rapport rendu public en avril 2006, le Réseau amazigh pour la citoyenneté "AZETTA" dresse une liste exhaustive des associations auxquelles il a été refusé la délivrance de récépissés pour des dépôts de dossier de création d'associations amazighes.

D- Arabisation des toponymes amazighs

La toponymie aussi n'est pas à l'abri de cette politique d'arabisation. Ainsi plusieurs toponymes berbères ont subi des déformations leur donnant des formes arabes quand ce n'est pas une arabisation complète. A titre d'exemple, "Ifni" devient "Sidi Ifni", "Askourene" devient "Sekkoura", "Tadla" devient "Qasba Tadla", "Tazagourt" devient "Zagoura", "Aharmemou" devient "Ribat elkheir", "Imteghren" devient "Errachidia",.... Les activités artistiques spécifiquement berbères sont marginalisées par l'Etat marocain. A aucun moment la modernisation des arts berbères dans les différents doimaines (littérature musique, danse, architecture, décoration,...) n'a été envisagée par les autorités marocaines. Les artistes berbérophones sont victimes d'une véritable discrimination par les autorités marocaines dans la mesure où ils ne bénéficient pas des mêmes avantages matériels et moraux que leurs homologues arabophones.

E - Interdiction des prénoms amazighs

Nous ne saurons omettre de préciser l'interdiction formelle de l'usage des prénoms

amazighs par les services administratifs municipaux. Cette discrimination s'inscrit dans la politique linguistique autoritaire qui ne reconnaît que l'arabe comme langue nationale et officielle. En effet, la circulaire ministérielle (98-99) du Ministère de l'Intérieur établissant une liste de prénoms acceptables par les services de l'état civil, introduite en 1996, est toujours en vigueur et certains agents zélés de l'état civil s'y appuient afin de refuser l'inscription des prénoms amazighs.

À titre d'exemples citons :

- "Dihia", prénom refusé par les autorités de Goulmima en 1998 ;

- "Noumidia" également refusé à El Housseima en 1999 ;

- "Siman" n'a pas été mieux pour les autorités d'Agadir en 2001 ;

- "Fazaz", quant à lui, c'est à Khenifra qu'il a été refusé en 2002 ;

- C'est encore à El Housseima que le prénom "Yuba" a été refusé en octobre 2005 ;

- "Tihya" est cette fois à Rabat même qu'il a été refusé en octobre 2005 ;

- Enfin, tout récemment, à Errachidia le prénom Amazigh n'a pas été enregistré en

février 2006. La seule existence d'une liste de "prénoms autorisés" que les officiers de l'Etat civil utilisent pour justifier leur refus, constitue, aux yeux des parents qui choisissent des prénoms amazigh à leurs nouveau-nés, une atteinte à un droit légitime. L'application des effets de cette note ministérielle se fait à l'encontre du droit pour chaque enfant d'avoir un prénom, tel qu'il est stipulé par la charte internationale des droits de l'enfant. Dans son rapport intitulé "Le Maroc et la question Amazighe" (mars 2003) à l'occasion de la 62ème session du CERD,

la FIDH

fait état de plusieurs prénoms amazighs frappés d'interdiction.

La FIDH

affirme que "Le Haut comité de l'état civil aurait dressé une liste, qui n'a fait l'objet d'aucune publication, de prénoms refusés au motif qu'ils ne seraient pas des "noms traditionnels marocains". Dans ce même rapport,

la FIDH

précise que "Les décisions d'inscrire un prénom restent apparemment à la discrétion des officiers de l'état civil, qui d'une région à une autre, acceptent ou refusent l'inscription au registre d'un même prénom amazigh. Ces refus sont entourés d'un flou juridique. Les différents jugements rendus à Casablanca et à Rabat suite aux recours en annulation formés par les parents, confirment la légalité des décisions des officiers de l'état civil au motif que les prénoms envisagés ne sont pas des noms traditionnels marocains sans motiver plus avant leurs jugements." Ce qui permet à l'ONG de défense des droits de l'Homme de conclure : "Les populations amazighophones au Maroc font donc l'objet de violations de leurs droits culturels et linguistiques garantis par l'article 5 et de

la Convention

internationale contre toutes les formes de discrimination raciale".

F- Signalisation

En avril 2003,

la Municipalité

de Nador (Rif), s'appuyant sur le dahir instituant l'IRCAM ainsi que la décision approuvant le tifinagh comme transcription de Tamazight, a pris l'initiative d'écrire les panneaux de signalisation en tifinagh dans le périmètre urbain de la commune. Cette Municipalité a pris également l'initiative de délivrer des documents officiels sur lesquels est apposé le symbole "z" ("Z") en tifinagh ainsi que le mot "Nador" transcrit en tifinagh. C'est le matin du mardi 29 avril 2003 que les habitants de Nador découvrent les tifinagh dans les rues de leur ville. Cet événement "historique" a fait l'objet de nombreux débats.

Cette joie n'a pas duré longtemps puisque quelques heures plus tard, ordre est donné aux autorités locales par le ministère de l'Intérieur marocain afin de saisir des locaux de la municipalité de Nador tous les documents portant les tifinagh et d'effacer cette écriture des panneaux de signalisation. Selon des témoignages qui nous sont parvenus, les autorités marocaines ont été jusque dans les villages pour effacer tous les "z" en tifinagh griffonnés par les écoliers sur des murs.

Le ministère de l'Intérieur a en effet invalidé une décision du conseil municipal de Nador autorisant la transcription en tifinagh des panneaux de circulation et des noms de rue aux côtés de l'Arabe, unique langue officielle du royaume selon

la Constitution Il

est inutile de préciser que la langue amazighe est absente de la signalisation routière, des noms de rues sur l'ensemble du territoire marocain. Seule la langue arabe et, parfois, le français sont autorisés. La langue amazighe se trouve ainsi de fait exclue de ce domaine.

1.3. Atteintes aux droits civils et politiques

Le monopole de la langue arabe dans la sphère publique et au sein des institutions de l'Etat fait que les amazighophones au Maroc sont victimes d'atteintes à leurs droits civils et politiques.

A- La discrimination devant

la Justice

L'absence de tamazight dans les tribunaux, où seule la lange arabe a le droit de cité, remet en cause la notion d'un jugement équitable du fait que des citoyens ne maîtrisent que l'usage de la langue amazighe.

Les magistrats sont tenus à l'usage de la langue officielle lors de l'instruction et des plaidoyers, les actes de justice étant rédigés en arabe ique, les jugements étant rendus dans la langue officielle (l'arabe), les citoyens ne maîtrisant que leur langue mère (tamazight) se trouvent de ce fait, dans une situation qui porte préjudice à leur propres moyens de défense. Même lorsqu'il est fait appel à interprète, ce dernier n'es pas forcément qualifié ce qui nuit aux droits des citoyens amazighophones ce qui remet en cause la notion de jugement équitable.

B- Les discriminations dans l'accès à l'information

Les rares journaux (4 ou 5) qui paraissent en langue amazighe ne bénéficient d'aucun aide de l'Etat alors que des moyens colossaux sont mobilisés pour le soutien de la presse arabophone. Aucune chaîne de télévision  n'est consacrée à la langue et la culture amazighe. Les quelques minutes consacrées par la télévision nationale à la langue amazighe restent loin de ce à quoi les populations amazighes peuvent espérer en matière de droit d'accès aux médias.

Ceci étant précisé, il n'empêche pas moins, que le gouvernement prenne des mesures tendant à une "reconnaissance" très fébrile de Tamazight (culture et langue berbère). En fait, il ne s'agit que de réponses biaisées aux questions posées par le mouvement amazigh.

IV - Les réponses officielles de l'état :

Le caractère dilatoire des réponses données par le Maroc aux attentes, qui paraissent pour autant légitimes, des Berbères marocains ne cessera d'être relevé. Car, dans certaines hypothèses, il arrive, que la reconnaissance de ce que les autorités marocaines qualifient de "dimension amazighe" reste purement tactique et contextuelle, liée à des conjonctures électorales si ce n'est pour permettre l'amorce d'une nouvelle technique d'arabisation laquelle serait exécutée avec plus de subtilité et de douceur.

1 - L'introduction du berbère dans le système éducatif

Il est un fait. Le Maroc doit être crédité de ce que jusqu'à une période récente il soit le seul pays d'Afrique du Nord à accorder une place non négligeable aux études berbères.

Cependant, cette place accordée aux études berbères n'est en rien officiellement consacrée. Au contraire, rien ne la permet et presque tout ce qu'il y a d'officiel l'interdit. Dans tous les cas, le berbère est considéré comme un objet d'érudition qu'il faut déconnecter de la société. Le cantonner aux recherches universitaires procède de cette visée.

Retenons particulièrement notre attention sur

la Charte

nationale de l'éducation et de la formation d'octobre

1999. C

'est, entre autre, sur cette Charte que le gouvernement marocain s'appuie dans son rapport (E/1994/104/Add.29, § 388 et § 389). Cette charte précise sous un titre intitulé "ouverture sur le berbère" (voir paragraphe 115) que, notamment, les autorités éducatives régionales ont la possibilité de choisir l'utilisation du berbère ou de tout autre dialecte local pour accompagner et faciliter l'enseignement de la langue officielle dans le cadre des études primaires. On l'aura compris, cette disposition qui semble tolérer l'enseignement du berbère ne cache pas moins les objectifs officiels d'un tel enseignement. En effet, sans vouloir tomber dans les excès elliptiques des slogans, on se permettra de voir ici l'expression d'une "arabisation en tamazight". Ainsi, bornée aux es du premier cycle de l'école fondamentale, cette introduction du berbère dans le système éducatif ne doit pas être perçue comme une reconnaissance du berbère. Au contraire. Car, si il y avait une reconnaissance stricto sensu, l'enseignement du berbère concernerait l'ensemble des niveaux scolaires ; de plus, cet apprentissage est borné à permettre d'amorcer la formation à l'arabe. Ainsi, la langue berbère n'est traitée que comme l'outil pédagogique et non l'objet d'enseignement. Même la création de L'Institut royal pour la culture amazigh (IRCAM) ne permet pas de conclure autrement.

2 - L'IRCAM : pour un freinage en douceur du mouvement amazigh

La création de l'IRCAM, faite en grande pompe par un discours de Mohammed VI prononcé lors du scellé du Dahir (norme équivalent à une loi) le 17 octobre 2001, est un fait remarquable dans la politique linguistique du Maroc. On aura parlé d'un véritable revirement à la faveur du berbère. Ces propos ne sont cependant que de lénifiantes palabres lancées aux autorités. Le caractère "révolutionnaire" apposé à cet Institut mérite d'être à juste titre contesté. Car la création d'une telle institution n'est pas la réponse adaptée aux attentes du mouvement berbère marocain. Parce qu'en somme, au lieu d'accorder une véritable officialisation et légalisation de tamazight (langue, identité et culture berbère), l'Etat procède à une "reconnaissance" juste assez pour ne pas être carrément folklorique et vraiment dérisoire pour ne pas être sérieuse. En proposant la création de l'IRCAM, le Maroc a opposé au mouvement berbère marocain ni plus ni moins que l'argument de l'anti-constitutionnalisation alors qu'en revanche, une révision de la loi fondamentale du Pays est attendue depuis longtemps. Seulement, même s'il est tenu, dans biens des cas, par le lien vassalique, le mouvement berbère n'est pas dupe. Il souhaite fortement que la création de l'IRCAM soit suivie de mesures visant à consacrer réellement le berbère dans la légalité marocaine. A ce propos, le comité du manifeste amazigh, dans un communiqué en date du 31 juillet 2002, relatif au discours du trône, "souhaite que cette sage initiative soit suivie d'une reconnaissance au niveau constitutionnel du caractère national et officiel de la langue amazighe et de la satisfaction des autres revendications du Mouvement Amazigh figurant dans le Manifeste Amazigh". Enfin n'est-il pas logique de croire qu'un enseignement en bonne et due forme ne soit délégué non à un institut ad hoc mais davantage placé sous la charge du Ministère de l'Education nationale ?

Concernant l'IRCAM, rappelons, enfin, que sept membres du Conseil d'administration ont démissionné en février 2005. Ils ont quitté le conseil d'administration de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), jugeant insuffisante l'action menée dans ce domaine au Maroc. Dans le communiqué qu'ils ont rendu public à Rabat le 21 février 2005, ils ont insisté pour que la langue amazighe soit inscrite comme langue officielle dans

la Constitution. Estimant

que l'action de l'IRCAM est restée "sans effet palpable". Ils dénoncent la "fonction humiliante" qui a été donnée à l'amazighe comme "support d'apprentissage de l'arabe" durant les cinq années de l'enseignement primaire. La marginalisation de l'amazighe au niveau de l'enseignement supérieur et de la télévision. Ils critiquent des propos attribués au ministre de

la Communication

qui aurait invoqué un "manque de moyens". "Ce prétexte, ajoutent-ils, ne l'a pas empêché de lancer trois nouvelles chaînes publiques arabophones.

V. Les revendications du Mouvement Culturel Amazigh (MCA)

On peut résumer ces revendication dans cette liste :

·        Le gouvernement marocain doit mettre en œuvre des lois rendant obligatoire l'enseignement de la langue berbère à tous les niveaux (écoles, collèges, lycées, universités et établissements assimilés). L'enseignement de la langue berbère doit s'effectuer dans un système laïc et gratuit. Le gouvernement doit assurer les moyens permettant l'élaboration des outils pédagogique dont la langue berbère a besoin.

·        Le Gouvernement marocain doit procéder à une refonte sérieuse des programmes d'Histoire en vigueur dans les établissements scolaires. Les programmes actuels sont une véritable falsification de l'Histoire du Maroc.

·        3- Le gouvernement marocain doit créer une chaîne de télévision ainsi que des radios locales et régionales en langue amazighe. Les populations amazighes doivent bénéficier des médias publics au même titre que les autres citoyens marocains.

·        L'introduction de la langue amazighe dans les administrations publiques, les tribunaux et les hôpitaux,... afin de permettre aux amazighophones à se faire comprendre, à effectuer leurs démarches administratives, à se faire soigner,... Aujourd'hui, des centaines de milliers de citoyens au Maroc renoncent à faire des démarches, à porter plainte,... pour des raisons d'ordre linguistique.

·        L'annulation immédiate de la circulaire ministérielle (98-99) du Ministère de l'Intérieur établissant une liste des prénoms acceptables par les services municipaux privant ainsi les populations amazighes de donner à leurs enfants des prénoms amazighs et qui ne figurent, bien entendu, pas dans la liste du Ministère de l'Intérieur qui suggère des prénoms arabo-musulmans.

·        L'Etat marocain doit assurer aux activités artistiques amazighes la place qu'elles méritent. Il doit mettre les moyens nécessaires en vue de la modernisation des arts amazighs dans le domaine des lettres, du chant, de la musique, du cinéma, du théâtre, de la danse, de l'architecture, de la décoration,... L'Etat marocain doit permettre aux artistes amazighophones de bénéficier des mêmes avantages matériels et moraux que leurs homologues arabophones.

·        Le Gouvernement marocain doit veiller à ce que les responsables au sein de l'administration marocaine cessent de déformer ou d'arabiser de façon autoritaire les toponymes amazighs. Aussi, l'Etat marocain doit rétablir les toponymes ayant subi une arabisation.

·        L'Etat marocain doit doter les associations culturelles amazighes de subventions leur permettant d'effectuer leur travail dans les meilleures conditions.

·        L'Etat marocain doit accorder aux publications s'employant à défendre le patrimoine culturel amazigh les mêmes aides financières accordées aux autres publications paraissant en langue arabe.

·        Le gouvernement marocain doit cesser d'empêcher les associations amazighes d'organiser librement des activités culturelles. Il doit laisser la liberté aux citoyens de créer des associations culturelles amazighes.

·        Le gouvernement marocain doit mettre en place un programme adéquat de développement économique des régions marginalisées, qui se trouvent être pour la plupart amazighophones.

Enfin l'Etat marocain doit prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre aux amazighophones leur dignité et que cesse la discrimination dont ils sont victimes.

Il doit engager tous les moyens nécessaires pour assurer la protection de la langue et la culture amazighes. Encore une fois, cela passe nécessairement par la reconnaissance, dans

la Constitution

, de la langue amazighe comme langue officielle.

VI- conclusion :

Le mouvement amazigh du Maroc milite pour la reconnaissance de ses droits.

Reconnus comme une composante, essentielle du peuple marocain, les berbères apportent une touche bien particulière à la spécificité du Maroc. Toutefois, derrière tout ce « folklore » se cache une identité dont la reconnaissance officielle tarde toujours. Le mouvement amazigh, un réseau associatif fort, a fait de cette lutte son cheval de bataille afin de revendiquer ses droits...

Après tout ce qu'on a dit, quand est ce qu'on parlera de la vraie réconciliation de l'état avec imazighen ?

VII- REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.

- Salem Chaker, Berbères aujourd'hui, 1989.

- Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, Geuthner, Paris, 1999.

- Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord, Payot, Paris, 1931.

- Abdellah Bounfour, Le nœud de la langue, Edisud, Aix-en-Provence, 1994.

- Mestafa Qadiri, L'Etat national et les Berbères : le cas du Maroc, mythe national et

négation nationale, thèse de doctorat en sciences politiques, Montpellier VI, 1994.

- Hassan Aourid, Le substrat culturel des mouvements de contestation au Maroc. Analyse

des discours islamiste et amazighe, Thèse de Doctorat d'Etat, Rabat, 1999.

- Ahmed Boukous, Langage et culture populaire au Maroc, Rabat, 1977.

- Ahmed Boukous, Société, langues et cultures au Maroc. Enjeux symboliques, éd.

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- Mohamed Chafiq, Le Manifeste berbère, Mars 2000.

- Encycloplédie berbère.

-encyclopédie Wiképedia.

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la FIDH

au CERD, mars 2003.

- « www.amazighworld.org »

- « www.maroc.ma »

-« www.tamazgha.fr »

25 septembre 2007

Le débat sur la question amazighe a constitué un

Le débat sur la question amazighe a constitué un des titres de la dynamique que vit notre espace public. Ayant constitué pendant une certaine période le non-dit de la pensée dominante, l’amazighité a été alors l’objet de plusieurs récupérations à visées variables notamment dans une perspective politicienne. Beaucoup de contrevérités ont été ainsi érigées en dogmes. Les choses heureusement bougent et permettent ainsi de saisir quelles sont les attitudes des uns et des autres à propos d’un thème qui concerne tous les Marocains.
L’amazighité aujourd’hui est tombée dans le domaine public. Elle est réhabilitée d’un point de vue institutionnel puisqu’un pas formidable a été franchi avec la décision d’inscrire la langue amazighe dans le cursus scolaire.
Malgré les remarques méthodologiques que peuvent formuler les uns ou les autres, nous sommes devant un tournant symbolique; c’est une nouvelle ère qui commence pour cette part importante d’une identité longtemps acculée à l’ombre et à la rhétorique du silence.

Mohamed VI, dans son discours de 17 octobre 2001, prononcé dans la localité d’Ajdir de la province de Khénifra, a relevé la reconnaissance de l’amazighité pour la première fois dans l’histoire contemporaine du pays. De cette façon, le roi l’autorité suprême de l’Etat, reconnut l’identité Amazigh comme partie intégrante et indissociable de l’identité plurielle du Maroc, en réitérant ce qui a été confirmé lors de son discours du trône, lequel éveilla un grand débat national : l’amazighité est une affaire de tous les marocains, et sa promotion est une responsabilité nationale.

Ce modeste exposé sera un voyage au cœur d’une culture, constituante de l’identité marocaine, et pourtant mal connue. Nous allons essayer de diagnostiquer la question amazighe au Maroc dans ses différents cotés : historiques, culturels et revendicatifs.

I. DONNEES  HISTORIQUES GENERALES :

  1 – Généralités

L'origine et l'histoire du peuple amazigh sont assez mal connues.
Le mot "amazigh" signifie : l'homme libre.
D’après les dernières statistiques publiées sur le site officiel du royaume, Les Amazighs représentent 75% de la population marocaine. La culture amazighe est antérieure à l'arrivée des Arabes dans le Maghreb, à la fin du 7e siècle, et s'étendait dans tout le nord de l'Afrique. Bien que faisant partie de l'histoire du peuple marocain, elle n'est pas étudiée dans les écoles. Pendant longtemps, la culture amazighe a été niée et interdite par l'autorité arabe. Depuis peu, cependant, la langue amazighe est enseignée dans les classes primaires. Il s'agit d'un essai réalisé dans 317 écoles et ce, sur injonction du roi Mohammed VI.

Histoire :
Lors de l'arrivée des Arabes dans le Maghreb - dès 670 après J.-C. - un grand nombre d'Amazighs ont fui pour se réfugier dans les montagnes. « Jubella » est un terme arabe qui désigne les peuples de la montagne. Au temps de l'empire romain, les Amazighs étaient qualifiés de "barbares" (barbarus) car pour les Romains, ce terme servait à désigner tout étranger à leur civilisation. Le terme est resté en se transformant en "berbères". Certains se défendent de cette appellation et tiennent à dire qu'ils sont Amazighs.

Langue :

La langue berbère est l'une des plus anciennes langues de l'humanité.  Elle est, actuellement, parlée par les autochtones de 'Afrique du Nord. M. Henn thole, diplômé de l’institut d’Ethnologie et de l’Ecole d'Anthropologie de l'université de Paris, écrit dans Son livre Les Touaregs du Hoggar

Malgré les invasions puniques, romaines, vandales, byzantines (ajoutons arabes), la langue libyenne ne semble pas avoir été altérée par las influences étrangères et n'a fait que retenir de chacune quelques termes qu'elle a adoptés. Dans Sa forme moderne. C’est-à-dire berbère. Elle est encore parlée dans les oasis égyptiennes de Siouah et d’Augilia, à Sokna dans le Djebel Nefouza, à Djerba, dans l’Aurès, en Petite Kabylie, aux environs de Lalla Marnia. Dans de nombreuses tribus au Maroc, en particulier chez les Chleuhs, dans certaines villes sahariennes comme Ghadamès. Glot, Ouargla, au MZab, dans quelques oasis de

la Saoura

et, enfin, chez les Touaregs.

Les habitants de toutes ces contrées citées par M Henri Lhote, sont les descendants de ce peuple berbère qui, dès l'époque de la formation des premières sociétés humaines, occupa la partie du Nord de l'Afrique qui s'étend de l’ouest de l’Égypte aux îles Atlantiques et du Niger à

la Méditerranée.


Société :

Dans la culture amazighe, la femme occupe une place importante. Elle peut être chef et constitue l'armée qui défend le pays (on s'est laissé dire que la légende des amazones viendrait peut-être du peuple amazigh !).
Les Amazighs autrefois vénéraient plusieurs dieux et déesses.
Aujourd'hui, nous sommes en l'an 2957 du calendrier amazigh. Seuls les agriculteurs utilisent encore ce calendrier.
Voici des exemples de noms de famille et prénoms émanant de la langue amazighe :

  • Aït (de la famille de ou de la région de)

  • Idir ou Idèr

  • Noumidia

  • Sifaw

  • Titritte

  • Massin…

2 – les origines des berbères :

Tous les historiens de l’Afrique du Nord attestent que le pays est peuplé de Berbères depuis les temps les plus anciens. Ainsi, Ibn Khaldoun dans son Histoire des Berbères, peut écrire à propos du pays que l’on appelle le Maghreb et que nous appelons Tamazgha ou pays des Imazighen : "Depuis les temps les plus anciens, cette race d’hommes habite le Maghreb dont elle a peuplé les plaines, les montagnes, les plateaux, les régions maritimes, les campagnes et les villes" (Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, 1999 p. 167).

Concernant tamazight, la langue des Imazighen : "leur langue est un idiome étranger, différent de tout autre : circonstances qui leur a valu le nom de Berbères" (Ibn Khaldoun, 1999, opus cité p. 168).

Concernant, enfin, les religions professées autrefois en Afrique du Nord : "il y avait parmi eux [des tribus] qui professaient la religion juive ; d’autres chrétiennes, et d’autres païennes, adorateurs du soleil, de la lune et des idoles. Comme ils avaient à leur tête des rois et des chefs, ils soutinrent contre les musulmans plusieurs guerres très célèbres". (Ibn Khaldoun, 1999, opus cité, p. 177).

Plus près de nous, en 1931, l’historien anticolonialiste Charles André Julien pouvait constater que : "Aujourd’hui, on ignore généralement que le Maroc, l’Algérie et la Tunisie sont peuplés de Berbères, que l’on qualifie audacieusement d’Arabes. Quant aux indigènes, ils se désignèrent souvent du nom d’Amazigh (Tamazight au féminin, Imazighen au pluriel) qui signifiait les hommes libres, puis les nobles et s’appliqua à plusieurs tribus avant l’occupation romaine" (C.-A. Julien, Histoire de l’Afrique du Nord,p.2).

II - Le mouvement amazigh : brefs rappels historiques :

1 - l’époque coloniale ou les origines de la discrimination

En 1912, le Maroc est soumis officiellement au protectorat franco-espagnol, sous la demande du Sultan de Fès qui était assiégé, à l’époque, par des tribus berbères du Moyen Atlas.

La France

pénètre le Maroc pour protéger le Sultan de Fès et son entourage politique.

La France

coloniale déclare donc la guerre aux Berbères. En 1914, la résistance armée berbère, sous le commandement de Muha Ou Hammou Zayani, emporte la bataille dite de Lehri. En 1921, les forces berbères du Nord guidée par Mohammed Abdelkrim El Khattabi emportent la bataille la plus célèbre contre les troupes espagnoles. Ce qui permit la libération du Rif. Vaincus, les deux puissances protectrices du Sultan organisent leur riposte. En 1926, le Maréchal Pétain, succédant à Lyautey, ordonne expressément la liquidation d’El Khattabi qui fut exilé sur l’Ile de

la Réunion. Malgré

cela, les Berbères persistent. En 1934, dans le Sud Est du pays, l’armée française subit de nombreuses défaites. On retiendra la bataille de Badou qui vit les troupes de Assou Ou Bassalem triompher. Signalons une nouvelle fois le parti pris du Sultan et de sa clientèle politique en faveur des puissances coloniales au bénéfice desquelles de véritables campagnes de propagande furent organisées dans les mosquées de Fès, notamment. On perçoit ici les origines de la discrimination qui frappera, dans le Maroc indépendant et administré par les descendants du Sultan, les populations berbères. En 1930, le résident général de

la France

promulgue un dahir (un texte de loi) signé par le Sultan. Rappelons, pour mémoire, qu’à leur arrivée en Afrique du Nord, les Français ont été confrontés à différentes pratiques juridiques inconnues et distinctes des pratiques islamiques. J’insiste, avec Salem Chaker (Berbères aujourd’hui, page 64), sur le fait que "le droit coutumier berbère est une donnée objective des sociétés berbères ; il préexiste à l’arrivée des Français, qui ne l’ont pas crée comme on pourrait parfois le croire à lire la littérature nationaliste arabo-islamique". Ce "dahir berbère", texte de droit international privé qui ne dit pas son nom, tendait à l’application du droit coutumier berbère en matière pénale aux populations berbères. Il s’agit là, sans plus, d’un exemple du principe de la personnalité des lois. Les réactions que la promulgation de ce texte a suscitées au sein des familles urbaines, traditionnellement liées au Sultan, méritent d’être analysées. En effet, de peur de voir les berbères s’imposer sur le terrain politique, les tenants de l’idéologie arabe évoquent le spectre de la division des maghrébins et s’insurgent contre ce qui fut qualifié de tentative de "christianisation" des Berbères. Ces réactions émanant des serviteurs du Sultan, sont hautement révélateurs de "la suspicion profonde et de l’illégitimité foncière dans lesquelles le nationalisme arabo-islamique a toujours tenu les Berbères" (voir Salem Chaker, Berbères aujourd’hui, page 65). Sur ce fondement, sera combattu toute référence au berbère. Nous y voyons également les sources de la discrimination que subiront les populations berbères après l’accession du Maroc à la souveraineté.

2 - Les Berbères après l’indépendance : le mouvement amazigh

Nous allons nous borner à indiquer à titre indicatif, quelques unes des étapes les plus importantes (depuis 1990) de ce qui constitue le mouvement berbère. Le Mouvement berbère doit être entendu comme l’ensemble des faits qui s’inscrivent dans une démarche tendant à la reconnaissance par les autorités marocaines, de la chose berbère. La monarchie marocaine, à l’instar du pouvoir algérien, affirme haut et fort l’arabité et l’islamité du Maroc. Seule la langue arabe bénéficie d’un statut et seule l’arabité et l’islamité sont citées dans les textes officiels de la monarchie marocaine depuis son existence.

En 1991, six associations marocaines ont rendu public un texte qu’elles ont adopté "Charte d’Agadir". Ce texte réclame la reconnaissance des langue et culture amazighes. Il formule ainsi un certain nombre d’autres revendications. Plusieurs associations ont été créées suite à cette charte.

En 1993, des associations amazighes rendent public un mémorandum par lequel elles soulignent la politique d’assimilation forcée pratiquée à l’égard des Imazighen ainsi que leur identité, culture et langue. C’était à l’occasion de

la Conférence Internationale

sur les Droits de l’Homme tenue à Genève.

En 1994, les associations se rassemblent pour créer une structure de coordination appelée Conseil national de coordination (CNC). Le mouvement a déjà compris qu’il y a intérêt à unir les forces et à coordonner les actions.

En mai 1994, sept militants de l’association « Tilelli » (Liberté) ont été arrêtés. Leur tort était de défiler le 1er mai avec des banderoles écrites en tifinagh (écriture berbère) et demandant l’enseignement de tamazight (langue berbère). Cet acte a été considéré par les autorités comme une atteinte aux valeurs de l’Etat ainsi qu’à l’ordre public. Leur arrestation a suscité une grande mobilisation à travers le Maroc mais aussi en France et en Kabylie. Cette mobilisation a contraint les autorités marocaines à les libérer. En août 1994, Hassan II avait prononcé un discours par lequel il promettait l’enseigner des "dialectes berbères" dans les écoles marocaines.

Le mouvement associatif a vu un développement rapide et important puisqu’en l’espace de quelques années le nombre d’associations berbères s’est multiplié. Ces associations sont autorisées par les autorités marocaines. Car il faut rappeler que plusieurs associations n’ont toujours pas eu cette autorisation, ce qui ne leur permet pas de mener des activités. A ce propos, le gouvernement marocain déclare dans son rapport remis au CERD :

1.) en juin 2002, au paragraphe 42, que seulement 18 associations amazighes existent au Maroc. Ne pouvant mettre cela sur le compte de l’ignorance, le gouvernement marocain donne une idée de la légèreté avec laquelle il traite la question berbère. D’ailleurs, dans son rapport au CERD remis en décembre 1997, le gouvernement marocain avait annoncé le même nombre d’associations berbère à savoir 18 ; comme si entre 1997 et 2002 le mouvement associatif berbère au Maroc n’a vu aucune évolution. A noter également que les paragraphes présentant la situation de la langue et de la culture berbères au Maroc sont pratiquement les mêmes dans les deux rapports !

Aujourd'hui, on dénombre au moins 82 associations amazighes, ce qui montre l'attachement des citoyens à la langue et la culture amazighes en dépit de toutes les difficultés auxquelles ils sont confrontés.

L’arrivée de Mohammed VI au pouvoir, après la mort de Hassan II, n’a pas beaucoup changé concrètement à la question berbère. Dès son accession au trône, il se dit par-ci par-là que ce jeune roi serait favorable à Tamazight et qu’il serait prêt à s’engager sur la voie d’une reconnaissance du berbère. Seulement, de nombreuses contradictions resurgissent dans le discours et les actes officiels. En effet, d’un côté, le palais affiche un intérêt au berbère notamment par la mise en place de l’Institut royal de la culture amazigh (l’IRCAM) en vertu d’un Dahir (équivalent d’une loi) du 17 octobre 2001. D’un autre, il n’hésite pas à user de méthodes outrancières pour museler les militants berbères indépendants à qui l’on interdit d’entreprendre toutes sortes de manifestations publiques sous peine de condamnations pénales.

III- les discriminations dont les berbères sont victimes :

I. La négation officielle et institutionnelle du fait amazigh (berbère).

La discrimination anti-berbère est un fait officiel inscrit dans

la Constitution

, parce que cette dernière néglige totalement la composante berbère :

 

1.1 - L’exclusion et la discrimination constitutionnelle

Rappelons la principale disposition du préambule de

la Constitution

sur lequel se base la politique d’arabisation et de négation de l’identité amazighe du pays. En effet, "Le Royaume du Maroc, Etat musulman souverain, dont la langue officielle est l’arabe, constitue une partie du Grand Maghreb Arabe" (Constitution du 13 septembre 1996). Force est de constater qu’aucune place n’est accordée à la langue et la culture berbère dans les textes fondamentaux de l’Etat alors que le berbère est une langue vivante pratiquée par une majorité de la population marocaine. Si jusque là on s’est contenté de reprendre les chiffres que certains scientifiques "prudents" avancent dans leurs publications (d’après S. Chaker, éminent berbérologue, on compte "un pourcentage

minimum de 40% de la population au Maroc, soit 9,5 millions de berbérophones sur une population de 24 millions. Ces chiffres sont des valeurs minimales que l’on peut considérer comme assurées : on ne peut exclure que les pourcentages soient en réalité nettement

plus élevés et qu’ils puissent atteindre 50% de berbérophones au Maroc". Voir Salem Chaker, Berbères aujourd’hui, L’Harmattan, Paris, 1989), aujourd’hui, on peut avancer le chiffre de 70 % de la population marocaine qui soit berbérophones. En effet, le site Internet du gouvernement marocain (http://www.maroc.ma), dans sa version arabe, parle d’un pourcentage de 25 % seulement d’Arabes au Maroc précisant que sur les 75 % restant, les Amazighs constituent la majorité. Ci-après un extrait de la présentation de la compositions de la population marocaine publiée par le site en question : Les Marocains, Arabes ou Amazighes se distinguent par la langue qu’ils utilisent pour communiquer entre eux : l’arabe ou l’amazigh. Selon les sources marocaines officielles, les Arabes constituent 25% de l’ensemble de la population alors que les Amazighs constituent la majorité restante. Se trouvent également au Maroc nombre d’Européens, notamment des Français et des Espagnoles. Leur nombre est de 50181. Avant l’indépendance, il avoisinait un million. (http://www.maroc.ma/NR/exeres/D1B06FC3-AA0F-43FF-99F4 C3A3CD38285D.htm). En égard à ces dispositions, force est de croire que l’arabisation est omniprésente dans la mesure où l’arabe est considérée comme la seule langue nationale et officielle de l’Etat marocain. Quoi qu’il en soit, la langue berbère ne dispose d’aucun statut officiel. Ainsi, nous constatons non sans amertume que tout le fondement amazigh du Maroc soit délibérément ignoré. Dès lors, c’est la majorité des marocains qui se trouvent exclus de jure, de l’Histoire. Ce traitement contraire à la lettre et à l’esprit du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels constitue une atteinte insupportable aux droits fondamentaux des Imazighen marocains contraints à une arabisation maintes fois oppressive.

1.2- autres formes de discrimination :

A- Arrestations, violences et répression

En 1994, lors de la commémoration du 1er mai à Goulmima (Sud Est marocain), des militants berbères ont défilé avec des banderoles écrites en tifinagh (alphabet berbère) revendiquant la reconnaissance officielle des langues et culture berbères. Deux jours plus tard, le 3 mai 1994, sept d’entre eux sont arrêtés sur ordre du gouverneur de la province. Après perquisition de leurs domiciles, sont jetés en prison. Ils devaient, en effet, répondre des chefs d’inculpation suivants : "atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat", "incitation au dépassement des institutions" et "atteinte à

la Constitution

". Le 9 mai 1994, ils sont présentés devant

la Cour

d’Errachida. Le collectif de 74 avocats qui s’est spontanément formé demande leur libération sous caution. La demande est refusée, le procès reporté au 17 mai 1994. Les sept détenus entament avec succès une grève de la faim afin que leur soit accordé le statut de prisonniers politiques. Le 17 mai, le procès a lieu. Durant l’instance, les détenus ont catégoriquement refusé de s’exprimer en arabe. Le verdict, prononcé le 27 mai, prononce trois peines de prison et de lourdes amendes. A la suite d’une mobilisation massive du mouvement berbère, des organisations des Droits de l’Homme, les trois détenus politiques ont été libérés le 3 juillet et amnistiés par

la Grâce Royale.

Seulement, à la suite de leur libération, les autorités administratives ne leur permettent plus d’exercer leurs métier d’enseignants et ce, bien qu’amnistiés. Notons aussi que le contexte du procès des détenus de Goulmima dont nous venons de voir la trame, a été l’occasion aux autorités marocaines d’interdire de nombreuses activités associatives marocaines notamment celles de l’AMREC et d’ILMAS, comme le rapporte un communiqué du Comité de solidarité avec les détenus de Goulmima daté du 28= mai 1994.

En avril 2004, les étudiants de l'Université d'Agadir avaient organisé deux jours d’activités culturelles en commémoration de "Tafsut imazighen" (le Printemps berbère). Le mercredi 21 avril 2004, deuxième jour des activités, a été marqué par une manifestation pacifique. L'intervention de la police ne s'était pas faite attendre. Quatre étudiants arrêtés avaient subi de brutaux sévices. Ces détenus ont été exposés à un interrogatoire pour une durée de cinq heures avant leur libération. Ont été ainsi victimes de cette intervention de la police marocaine.

B- Interdiction d'activités d'associations amazighes et intimidations

Ajoutons que les autorités se sont à de nombreuses reprises illustrées dans l’interdiction des activités relatives à la question amazighe (berbère). On citera à titre d’exemple l’interdiction, parmi de nombreuses autres, faite aux étudiants de la faculté des Lettres de Meknes de disposer des locaux universitaires afin de réaliser débats et manifestations culturelles. Cet épisode a déclenché le 23 novembre 2000 une grève de protestation dirigée par les étudiants de la même faculté.

Lorsque les autorités ne gênent pas les activités des associations amazighes (berbères), elles se distinguent à en bloquer jusque la naissance juridique. Ainsi, TADA (Coordination nationale des associations culturelles amazighes du Maroc) créée le 5 février 2000 à Meknes s’est systématiquement vue refusée la délivrance de l’agrément administratif justifiant de la personnalité morale. Un communiqué de la même Coordination (TADA) daté d’avril 2002 signale cette situation.

En 2001, les opinions de certains militants berbères ont valu à ces derniers moult tourments. L’administration marocaine a, une nouvelle fois, pris pour cible les mêmes activistes qu’elle a incarcérés en mai 1994, preuve que le gouvernement entend combattre minutieusement toute manifestation berbère. Ainsi, le mercredi 29 août 2001, les autorités provinciales d’Errachidia (Imteghren) ont fait savoir à deux militants qu’il leur est dès lors interdit d’organiser toute manifestation publique sous peine d’une condamnation pour trahison. En effet, une manifestation était prévue dans le chef-lieu de région en soutien aux Imazighen de Kabylie (Algérie) qui, à ce moment même, subissaient une des plus dures répression qu’ils n’ont connu à ce jour. Relevons aussi que l’administration semble s’opposer à la commémoration de tout événement en marge de ceux célébrés officiellement. A cet égard, les autorités provinciales de Boumalne n Dadès (Ouarzazate) ont interdit à l’Association AZEMZ de célébrer le nouvel an berbère prévu le 12 janvier 2003. Les motifs invoqués paraissent inadaptés. Tels ont été les motifs de l’administration : 1/ l’association AZEMZ doit rénover son bureau et cela même si c’est une affaire interne à l’association ;

2/ aucune association ne célèbre cette fête dans toute la région sauf l’association AZEMZ. Rappelons que les manifestations publiques en faveur des langue et culture amazighes n'ont jamais été autorisées. Imazighen (les Berbères) se voient ainsi privé d'un droit fondamental, celui de pouvoir s'exprimer et manifester publiquement.

C- Refus d'enregistrement d'associations amazighes : atteinte à la liberté d'association

A ce jour, les autorités centrales de Rabat continuent de refuser à délivrer un récépissé de

dépôt de dossier relatif à la création du Réseau Amazigh pour la Citoyenneté "AZETTA".

Cette association qui active malgré la non-délivrance du récépissé de dépôt de dossier, et c'est ainsi qu'elle a organisé son premier congrès les 15, 16 et 17 juillet 2005. Suite à ce congrès, il a été procédé au renouvellement du Bureau Exécutif lequel changement a été signalé aux autorités qui refusent de délivrer le reçu de dépôt du dossier relatif à ce renouvellement. A noter que c'est depuis 15 juillet 2002 que les autorités refusent de délivrer un récipessé de dépôt de dossier pour l'association Amazigh pour

la Citoyenneté

"AZETTA". Cette association a d'ailleurs initié des sections dans plusieurs villes (Rabat, Khémissset, Casablanca, Bouyzakerne, Timoulay, Ifrane, Oulmas, Taghjijt ; zagoura et imi Ugadir). Aucune de ces sections ne s'est vue délivrer un récipéssé de dépôt de dossier par les autorités locales. Plusieurs autres associations se sont vues réserver le même sort. Citons l’association Amzday Anamur Amazigh, l’association Andaz Amazigh à El Hajeb, l’association Imal pour l’action et le développement à Mast.

En décembre 2004, un élève du collège Abdelkrim Elkhattabi à Agadir a été exclu du collège pour une durée de 15 jours pour avoir "osé" faire usage de sa langue maternelle (tamazight). En janvier 2005, les élèves d'un établissement scolaire à Tinghir ont été empêchés de célébrer le nouvel an amazigh. L'association Usan à Midar s'est interdire d'organiser une manifestation pacifique le 20 avril 2005 à l'occasion du Printemps amazigh. Le 19 avril 2005, les autorités ont fait usage de la force pour interdire un rassemblement Interdiction par force d’un Sit-in organisé par le Réseau national des associations démocratiques amazighes (Amyaway) à Rabat. Dans son rapport rendu public en avril 2006, le Réseau amazigh pour la citoyenneté "AZETTA" dresse une liste exhaustive des associations auxquelles il a été refusé la délivrance de récépissés pour des dépôts de dossier de création d'associations amazighes.

D- Arabisation des toponymes amazighs

La toponymie aussi n’est pas à l’abri de cette politique d’arabisation. Ainsi plusieurs toponymes berbères ont subi des déformations leur donnant des formes arabes quand ce n’est pas une arabisation complète. A titre d’exemple, "Ifni" devient "Sidi Ifni", "Askourene" devient "Sekkoura", "Tadla" devient "Qasba Tadla", "Tazagourt" devient "Zagoura", "Aharmemou" devient "Ribat elkheir", "Imteghren" devient "Errachidia",.... Les activités artistiques spécifiquement berbères sont marginalisées par l’Etat marocain. A aucun moment la modernisation des arts berbères dans les différents doimaines (littérature musique, danse, architecture, décoration,...) n’a été envisagée par les autorités marocaines. Les artistes berbérophones sont victimes d’une véritable discrimination par les autorités marocaines dans la mesure où ils ne bénéficient pas des mêmes avantages matériels et moraux que leurs homologues arabophones.

E - Interdiction des prénoms amazighs

Nous ne saurons omettre de préciser l’interdiction formelle de l’usage des prénoms

amazighs par les services administratifs municipaux. Cette discrimination s’inscrit dans la politique linguistique autoritaire qui ne reconnaît que l’arabe comme langue nationale et officielle. En effet, la circulaire ministérielle (98-99) du Ministère de l'Intérieur établissant une liste de prénoms acceptables par les services de l'état civil, introduite en 1996, est toujours en vigueur et certains agents zélés de l'état civil s'y appuient afin de refuser l'inscription des prénoms amazighs.

À titre d'exemples citons :

- "Dihia", prénom refusé par les autorités de Goulmima en 1998 ;

- "Noumidia" également refusé à El Housseima en 1999 ;

- "Siman" n'a pas été mieux pour les autorités d'Agadir en 2001 ;

- "Fazaz", quant à lui, c'est à Khenifra qu'il a été refusé en 2002 ;

- C'est encore à El Housseima que le prénom "Yuba" a été refusé en octobre 2005 ;

- "Tihya" est cette fois à Rabat même qu'il a été refusé en octobre 2005 ;

- Enfin, tout récemment, à Errachidia le prénom Amazigh n'a pas été enregistré en

février 2006. La seule existence d’une liste de "prénoms autorisés" que les officiers de l’Etat civil utilisent pour justifier leur refus, constitue, aux yeux des parents qui choisissent des prénoms amazigh à leurs nouveau-nés, une atteinte à un droit légitime. L’application des effets de cette note ministérielle se fait à l’encontre du droit pour chaque enfant d’avoir un prénom, tel qu’il est stipulé par la charte internationale des droits de l’enfant. Dans son rapport intitulé "Le Maroc et la question Amazighe" (mars 2003) à l'occasion de la 62ème session du CERD,

la FIDH

fait état de plusieurs prénoms amazighs frappés d'interdiction.

La FIDH

affirme que "Le Haut comité de l’état civil aurait dressé une liste, qui n’a fait l’objet d’aucune publication, de prénoms refusés au motif qu’ils ne seraient pas des "noms traditionnels marocains". Dans ce même rapport,

la FIDH

précise que "Les décisions d’inscrire un prénom restent apparemment à la discrétion des officiers de l’état civil, qui d’une région à une autre, acceptent ou refusent l’inscription au registre d’un même prénom amazigh. Ces refus sont entourés d’un flou juridique. Les différents jugements rendus à Casablanca et à Rabat suite aux recours en annulation formés par les parents, confirment la légalité des décisions des officiers de l’état civil au motif que les prénoms envisagés ne sont pas des noms traditionnels marocains sans motiver plus avant leurs jugements." Ce qui permet à l'ONG de défense des droits de l'Homme de conclure : "Les populations amazighophones au Maroc font donc l’objet de violations de leurs droits culturels et linguistiques garantis par l’article 5 et de

la Convention

internationale contre toutes les formes de discrimination raciale".

F- Signalisation

En avril 2003,

la Municipalité

de Nador (Rif), s’appuyant sur le dahir instituant l’IRCAM ainsi que la décision approuvant le tifinagh comme transcription de Tamazight, a pris l’initiative d’écrire les panneaux de signalisation en tifinagh dans le périmètre urbain de la commune. Cette Municipalité a pris également l’initiative de délivrer des documents officiels sur lesquels est apposé le symbole "z" ("Z") en tifinagh ainsi que le mot "Nador" transcrit en tifinagh. C'est le matin du mardi 29 avril 2003 que les habitants de Nador découvrent les tifinagh dans les rues de leur ville. Cet événement "historique" a fait l’objet de nombreux débats.

Cette joie n’a pas duré longtemps puisque quelques heures plus tard, ordre est donné aux autorités locales par le ministère de l’Intérieur marocain afin de saisir des locaux de la municipalité de Nador tous les documents portant les tifinagh et d’effacer cette écriture des panneaux de signalisation. Selon des témoignages qui nous sont parvenus, les autorités marocaines ont été jusque dans les villages pour effacer tous les "z" en tifinagh griffonnés par les écoliers sur des murs.

Le ministère de l’Intérieur a en effet invalidé une décision du conseil municipal de Nador autorisant la transcription en tifinagh des panneaux de circulation et des noms de rue aux côtés de l’Arabe, unique langue officielle du royaume selon

la Constitution Il

est inutile de préciser que la langue amazighe est absente de la signalisation routière, des noms de rues sur l'ensemble du territoire marocain. Seule la langue arabe et, parfois, le français sont autorisés. La langue amazighe se trouve ainsi de fait exclue de ce domaine.

1.3. Atteintes aux droits civils et politiques

Le monopole de la langue arabe dans la sphère publique et au sein des institutions de l'Etat fait que les amazighophones au Maroc sont victimes d'atteintes à leurs droits civils et politiques.

A- La discrimination devant

la Justice

L'absence de tamazight dans les tribunaux, où seule la lange arabe a le droit de cité, remet en cause la notion d’un jugement équitable du fait que des citoyens ne maîtrisent que l’usage de la langue amazighe.

Les magistrats sont tenus à l’usage de la langue officielle lors de l’instruction et des plaidoyers, les actes de justice étant rédigés en arabe classique, les jugements étant rendus dans la langue officielle (l’arabe), les citoyens ne maîtrisant que leur langue mère (tamazight) se trouvent de ce fait, dans une situation qui porte préjudice à leur propres moyens de défense. Même lorsqu'il est fait appel à interprète, ce dernier n'es pas forcément qualifié ce qui nuit aux droits des citoyens amazighophones ce qui remet en cause la notion de jugement équitable.

B- Les discriminations dans l'accès à l'information

Les rares journaux (4 ou 5) qui paraissent en langue amazighe ne bénéficient d'aucun aide de l'Etat alors que des moyens colossaux sont mobilisés pour le soutien de la presse arabophone. Aucune chaîne de télévision  n'est consacrée à la langue et la culture amazighe. Les quelques minutes consacrées par la télévision nationale à la langue amazighe restent loin de ce à quoi les populations amazighes peuvent espérer en matière de droit d'accès aux médias.

Ceci étant précisé, il n’empêche pas moins, que le gouvernement prenne des mesures tendant à une "reconnaissance" très fébrile de Tamazight (culture et langue berbère). En fait, il ne s’agit que de réponses biaisées aux questions posées par le mouvement amazigh.

IV - Les réponses officielles de l’état :

Le caractère dilatoire des réponses données par le Maroc aux attentes, qui paraissent pour autant légitimes, des Berbères marocains ne cessera d’être relevé. Car, dans certaines hypothèses, il arrive, que la reconnaissance de ce que les autorités marocaines qualifient de "dimension amazighe" reste purement tactique et contextuelle, liée à des conjonctures électorales si ce n’est pour permettre l’amorce d’une nouvelle technique d’arabisation laquelle serait exécutée avec plus de subtilité et de douceur.

1 - L’introduction du berbère dans le système éducatif

Il est un fait. Le Maroc doit être crédité de ce que jusqu’à une période récente il soit le seul pays d’Afrique du Nord à accorder une place non négligeable aux études berbères.

Cependant, cette place accordée aux études berbères n’est en rien officiellement consacrée. Au contraire, rien ne la permet et presque tout ce qu’il y a d’officiel l’interdit. Dans tous les cas, le berbère est considéré comme un objet d’érudition qu’il faut déconnecter de la société. Le cantonner aux recherches universitaires procède de cette visée.

Retenons particulièrement notre attention sur

la Charte

nationale de l’éducation et de la formation d’octobre

1999. C

'est, entre autre, sur cette Charte que le gouvernement marocain s'appuie dans son rapport (E/1994/104/Add.29, § 388 et § 389). Cette charte précise sous un titre intitulé "ouverture sur le berbère" (voir paragraphe 115) que, notamment, les autorités éducatives régionales ont la possibilité de choisir l’utilisation du berbère ou de tout autre dialecte local pour accompagner et faciliter l’enseignement de la langue officielle dans le cadre des études primaires. On l’aura compris, cette disposition qui semble tolérer l’enseignement du berbère ne cache pas moins les objectifs officiels d’un tel enseignement. En effet, sans vouloir tomber dans les excès elliptiques des slogans, on se permettra de voir ici l’expression d’une "arabisation en tamazight". Ainsi, bornée aux classes du premier cycle de l’école fondamentale, cette introduction du berbère dans le système éducatif ne doit pas être perçue comme une reconnaissance du berbère. Au contraire. Car, si il y avait une reconnaissance stricto sensu, l’enseignement du berbère concernerait l’ensemble des niveaux scolaires ; de plus, cet apprentissage est borné à permettre d’amorcer la formation à l’arabe. Ainsi, la langue berbère n’est traitée que comme l’outil pédagogique et non l’objet d’enseignement. Même la création de L’Institut royal pour la culture amazigh (IRCAM) ne permet pas de conclure autrement.

2 - L’IRCAM : pour un freinage en douceur du mouvement amazigh

La création de l’IRCAM, faite en grande pompe par un discours de Mohammed VI prononcé lors du scellé du Dahir (norme équivalent à une loi) le 17 octobre 2001, est un fait remarquable dans la politique linguistique du Maroc. On aura parlé d’un véritable revirement à la faveur du berbère. Ces propos ne sont cependant que de lénifiantes palabres lancées aux autorités. Le caractère "révolutionnaire" apposé à cet Institut mérite d’être à juste titre contesté. Car la création d’une telle institution n’est pas la réponse adaptée aux attentes du mouvement berbère marocain. Parce qu’en somme, au lieu d’accorder une véritable officialisation et légalisation de tamazight (langue, identité et culture berbère), l’Etat procède à une "reconnaissance" juste assez pour ne pas être carrément folklorique et vraiment dérisoire pour ne pas être sérieuse. En proposant la création de l’IRCAM, le Maroc a opposé au mouvement berbère marocain ni plus ni moins que l’argument de l’anti-constitutionnalisation alors qu’en revanche, une révision de la loi fondamentale du Pays est attendue depuis longtemps. Seulement, même s’il est tenu, dans biens des cas, par le lien vassalique, le mouvement berbère n’est pas dupe. Il souhaite fortement que la création de l’IRCAM soit suivie de mesures visant à consacrer réellement le berbère dans la légalité marocaine. A ce propos, le comité du manifeste amazigh, dans un communiqué en date du 31 juillet 2002, relatif au discours du trône, "souhaite que cette sage initiative soit suivie d’une reconnaissance au niveau constitutionnel du caractère national et officiel de la langue amazighe et de la satisfaction des autres revendications du Mouvement Amazigh figurant dans le Manifeste Amazigh". Enfin n’est-il pas logique de croire qu’un enseignement en bonne et due forme ne soit délégué non à un institut ad hoc mais davantage placé sous la charge du Ministère de l’Education nationale ?

Concernant l'IRCAM, rappelons, enfin, que sept membres du Conseil d'administration ont démissionné en février 2005. Ils ont quitté le conseil d'administration de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), jugeant insuffisante l'action menée dans ce domaine au Maroc. Dans le communiqué qu'ils ont rendu public à Rabat le 21 février 2005, ils ont insisté pour que la langue amazighe soit inscrite comme langue officielle dans

la Constitution. Estimant

que l'action de l'IRCAM est restée "sans effet palpable". Ils dénoncent la "fonction humiliante" qui a été donnée à l'amazighe comme "support d'apprentissage de l'arabe" durant les cinq années de l'enseignement primaire. La marginalisation de l'amazighe au niveau de l'enseignement supérieur et de la télévision. Ils critiquent des propos attribués au ministre de

la Communication

qui aurait invoqué un "manque de moyens". "Ce prétexte, ajoutent-ils, ne l'a pas empêché de lancer trois nouvelles chaînes publiques arabophones.

V. Les revendications du Mouvement Culturel Amazigh (MCA)

On peut résumer ces revendication dans cette liste :

·        Le gouvernement marocain doit mettre en œuvre des lois rendant obligatoire l’enseignement de la langue berbère à tous les niveaux (écoles, collèges, lycées, universités et établissements assimilés). L’enseignement de la langue berbère doit s’effectuer dans un système laïc et gratuit. Le gouvernement doit assurer les moyens permettant l’élaboration des outils pédagogique dont la langue berbère a besoin.

·        Le Gouvernement marocain doit procéder à une refonte sérieuse des programmes d’Histoire en vigueur dans les établissements scolaires. Les programmes actuels sont une véritable falsification de l’Histoire du Maroc.

·        3- Le gouvernement marocain doit créer une chaîne de télévision ainsi que des radios locales et régionales en langue amazighe. Les populations amazighes doivent bénéficier des médias publics au même titre que les autres citoyens marocains.

·        L'introduction de la langue amazighe dans les administrations publiques, les tribunaux et les hôpitaux,… afin de permettre aux amazighophones à se faire comprendre, à effectuer leurs démarches administratives, à se faire soigner,... Aujourd’hui, des centaines de milliers de citoyens au Maroc renoncent à faire des démarches, à porter plainte,… pour des raisons d’ordre linguistique.

·        L’annulation immédiate de la circulaire ministérielle (98-99) du Ministère de l’Intérieur établissant une liste des prénoms acceptables par les services municipaux privant ainsi les populations amazighes de donner à leurs enfants des prénoms amazighs et qui ne figurent, bien entendu, pas dans la liste du Ministère de l’Intérieur qui suggère des prénoms arabo-musulmans.

·        L’Etat marocain doit assurer aux activités artistiques amazighes la place qu’elles méritent. Il doit mettre les moyens nécessaires en vue de la modernisation des arts amazighs dans le domaine des lettres, du chant, de la musique, du cinéma, du théâtre, de la danse, de l’architecture, de la décoration,... L’Etat marocain doit permettre aux artistes amazighophones de bénéficier des mêmes avantages matériels et moraux que leurs homologues arabophones.

·        Le Gouvernement marocain doit veiller à ce que les responsables au sein de l’administration marocaine cessent de déformer ou d’arabiser de façon autoritaire les toponymes amazighs. Aussi, l'Etat marocain doit rétablir les toponymes ayant subi une arabisation.

·        L’Etat marocain doit doter les associations culturelles amazighes de subventions leur permettant d’effectuer leur travail dans les meilleures conditions.

·        L’Etat marocain doit accorder aux publications s’employant à défendre le patrimoine culturel amazigh les mêmes aides financières accordées aux autres publications paraissant en langue arabe.

·        Le gouvernement marocain doit cesser d’empêcher les associations amazighes d’organiser librement des activités culturelles. Il doit laisser la liberté aux citoyens de créer des associations culturelles amazighes.

·        Le gouvernement marocain doit mettre en place un programme adéquat de développement économique des régions marginalisées, qui se trouvent être pour la plupart amazighophones.

Enfin l’Etat marocain doit prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre aux amazighophones leur dignité et que cesse la discrimination dont ils sont victimes.

Il doit engager tous les moyens nécessaires pour assurer la protection de la langue et la culture amazighes. Encore une fois, cela passe nécessairement par la reconnaissance, dans

la Constitution

, de la langue amazighe comme langue officielle.

VI- conclusion :

Le mouvement amazigh du Maroc milite pour la reconnaissance de ses droits.

Reconnus comme une composante, essentielle du peuple marocain, les berbères apportent une touche bien particulière à la spécificité du Maroc. Toutefois, derrière tout ce « folklore » se cache une identité dont la reconnaissance officielle tarde toujours. Le mouvement amazigh, un réseau associatif fort, a fait de cette lutte son cheval de bataille afin de revendiquer ses droits…

Après tout ce qu’on a dit, quand est ce qu’on parlera de la vraie réconciliation de l’état avec imazighen ?

VII- REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.

- Salem Chaker, Berbères aujourd’hui, 1989.

- Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, Geuthner, Paris, 1999.

- Charles-André Julien, Histoire de l’Afrique du Nord, Payot, Paris, 1931.

- Abdellah Bounfour, Le nœud de la langue, Edisud, Aix-en-Provence, 1994.

- Mestafa Qadiri, L’Etat national et les Berbères : le cas du Maroc, mythe national et

négation nationale, thèse de doctorat en sciences politiques, Montpellier VI, 1994.

- Hassan Aourid, Le substrat culturel des mouvements de contestation au Maroc. Analyse

des discours islamiste et amazighe, Thèse de Doctorat d’Etat, Rabat, 1999.

- Ahmed Boukous, Langage et culture populaire au Maroc, Rabat, 1977.

- Ahmed Boukous, Société, langues et cultures au Maroc. Enjeux symboliques, éd.

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, rabat, 1995.

- Mohamed Chafiq, Le Manifeste berbère, Mars 2000.

- Encycloplédie berbère.

-encyclopédie Wiképedia.

- "Le Maroc et la question amazighe", Rapport de

la FIDH

au CERD, mars 2003.

- « www.amazighworld.org »

- « www.maroc.ma »

-« www.tamazgha.fr »

25 septembre 2007

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